Old Boy
Film coréen
Date de sortie: 2003
Réalisé par: Park Chan-Wook
Avec: Min-sik Choi, Ji-tae Yu and Hye-jeong Kang etc.
Durée: 1h59
Genre: Drame/Thriller
Synopsis: 1988. Oh Daesso est kidnappé par des inconnus en
sortant de chez lui. Après avoir perdu connaissance il se rend compte qu'il est
emprisonné, quelque part. Tous les jours, il est nourri et lavé. Après une
tentative d'évasion et une tentative de suicide qui échouent, il se rend compte
qu'il n'a même plus la liberté de se donner la mort. 2003 : Après s'être
évanoui, Daesso réalise qu'il vient d'être relâché. Il a sur lui un
portefeuille, de l'argent et un téléphone portable qui va se mettre à sonner.
La voix à l'autre bout du fil donne le départ d'un terrible jeu : "Tu dois
maintenant chercher qui je suis et pourquoi je t'ai emprisonné pendant 15
ans".
Deuxième film d’une trilogie basée sur le thème de la
vengeance, Old Boy est une œuvre forte qui ne laisse pas indifférents les spectateurs
: que l’on aime ou pas, on ne ressort pas tout à fait intact du visionnage de
ce film.
La force d’Old Boy tient en plusieurs points. Tout d’abord
son histoire, d’une implacabilité déconcertante. Alors que la première partie
nous plonge dans la perplexité, la suite va se révéler d’une ingéniosité
frappante. Dès le début on se retrouve au même niveau que le héros, Oh Dae-Su,
dans l’incompréhension de ce qui lui arrive : pourquoi se fait-il enfermer ?
Pourquoi l’empêche-t-on de se suicider ? Et enfin, pourquoi le relâche-t-on ?
Toute la complexité du film se résume par ces questions. Tandis que la chasse à
la vengeance débute le film prend peu à peu une tournure déroutante qui va nous
plonger dans les méandres d’un drame qui tournera à l’horreur.
Cette vengeance est un périple qui oscille entre la vie et
la mort, comme le résume la simple image d’un homme sur une chaise, suspendu
dans le vide. Un compte à rebours est lancé : Oh Daed-Su n’a que cinq jours
pour trouver qui est derrière son calvaire qui a duré quinze ans. Son seul
indice est un proverbe : « Le caillou et le rocher coulent dans l’eau de la
même façon ». Les portes du passé vont devoir s’ouvrir devant cette course
frénétique, et la vérité va éclater telle une bombe. Choqués, nous le sommes
tout autant qu’Oh Dae-Su, car ce qui se cache derrière son emprisonnement défi
les codes moraux et les pensées bienséantes, mais surtout touche presque au
ridicule. L’ampleur des conséquences est disproportionnée par rapport au passé,
et l’on ne peut s’empêcher de juger de folle la personne qui s’en prend au
héros. La fin nous laisse pantois, désarçonnés : tout comme Oh Dae-Su nous nous
sommes laissés entraîner dans la folie patente d’une personne et nous avons été
manipulés comme de vulgaires marionnettes.
La vengeance est double dans Old Boy, mais surtout elle
marque à jamais les personnes qui tentent de s’en acquitter. Les personnages
sont prisonniers de cette envie et n’ont aucun moyen de s’en sortir : ils sont
sienne à jamais. Ce qui m’amène au deuxième point fort du film : la prestation
des acteurs, et de Min-sik Choi en tant qu’Oh Dae-Su. Il campe à merveille cet
homme brisé, à la frontière de la folie et de l’animalité. Cheveux ébouriffés
telle une crinière, yeux perçants, allure chaloupée d’un chasseur : tout en lui
sonne comme un prédateur dans un corps d’homme prêt à sauter à la gorge du
premier venu. Sa prestation est d’une justesse imparable. Alors qu’il aurait
été facile de tomber dans le grotesque, comme c’est souvent le cas dans ce
genre de films, Choi sait maîtriser son rôle à la perfection. Les personnages
secondaires ne sont pas non plus en reste et tous nous offres des personnages
pris dans les tourments de la vie, si réels et humains de par leurs défauts et
leurs choix. C’est une œuvre complexe et humaine que le réalisateur nous offre
ici, rendue prenante par la réalisation qui fait la part belle à la violence.
Mais sous les coups et le sang, c’est un romantisme qui transparaît, sur un
fond de drame Shakespearien. On le ressent surtout grâce à cette BO magnifique,
qui contraste grandement avec les images et nous propose une vision poétique de
l’histoire.
Déroutant et brillant sont deux adjectifs qui, selon moi,
caractérisent parfaitement ce film. On oscille entre vengeance et pardon,
violence et amour tout comme le héros. Park maîtrise son film d’un bout à
l’autre, et c’est une œuvre magistrale qu’il a su nous présenter.
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