Une Putain d'Histoire
Auteur: Bernard Minier
Edition: Editions Pocket
Genre: Thriller
Date de parution: 2016
Résumé: Une île boisée au large de
Seattle...
"Au commencement est la
peur. La peur de se noyer. La peur des autres, ceux qui me détestent, ceux qui
veulent ma peau. Autant vous le dire tout de suite : Ce n'est pas une histoire
banale. Ça non. c'est une putain d'histoire. Ouais, une putain d'histoire...
"
Dans le cadre du Challenge ABC
Thriller/Polar, je me suis lancée dans une nouvelle découverte d’auteur avec
Bernard Minier dont beaucoup de livraddict en font l’éloge. Possédant deux
titres de cet auteur, j’ai finalement décidé de me lancer dans Une Putain d’Histoire plus pour le titre
que pour le résumé que je n’avais pas lu. J’ai découvert une histoire
rocambolesque, prenante et un auteur qui risque de venir grossir les rangs de
mes chouchous.
Propulsés sur une petite île au
large de Seattle, nous faisans la connaissance de Henry, adolescent de 16 ans
qui va nous conter ce qu’il appelle lui-même « Une putain d’histoire ».
Alors que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, la vie de cet
ado bascule dans l’horreur quand sa petite amie décide de le quitter et qu’on
retrouve son corps le lendemain, morte sur une plage de l’île. Commence alors
une histoire de fous, qui malgré quelques longueurs, notamment au début, nous
entraîne dans une chasse au meurtrier palpitante qui n’a rien à envier aux
romans américains.
Le récit est un peu confus au
début entre tous les points de vus qui se mêlent. On a la 1ère
personne du singulier avec Henry qui nous raconte ses aventures, et puis un
retour au récit classique, 3ème personne du singulier pour nous
conter ce qui se passe avec d’autres personnages. Ce choix particulier a
cependant des avantages : d’une part il nous lie à Henry qui nous partage
ses émotions et ses pensées. De l’autre, on a une réelle vue d’ensemble de ce
qui se passe avec les autres protagonistes. Ce parti pris est finalement très
important et nous démontre toute l’ingéniosité de l’auteur pour nous amener là
où il veut.
Finalement, ce n’est pas tant ce
mélange stylistique qui dérange, mais plutôt la profusion des personnages qui
fait qu’on a du mal à se situer dans le récit. On finit par s’habituer à cet
étrange enchevêtrement des points de vus, même si cela prend un bon moment. Les
personnages sont donc assez nombreux, tous différents avec une psychologie qui
tente de s’éloigner de certains clichés même si au final on s’y rapproche pour
certains. Chacun apporte sa pierre à l’édifice et leurs actes nous amènent
inexorablement vers cette conclusion édifiante.
En voulant situer le récit aux
Etats-Unis, et plus particulièrement sur des îles dans le nord-ouest, Minier
cherche à recréer une ambiance très américaine, en reprenant des thèmes déjà-vus
(MacGuffin d’Hitchcock par exemple) et chers à ce public, mais aussi en
instaurant les nouvelles peurs face aux technologies. L’auteur n’hésite pas à
nous incorporer ses éléments afin de rendre son récit plus crédible : la paranoïa des gens autour du gouvernement,
capable de tout contrôler, la profusion et l’importance trop grande des
nouvelles technologies, la perte de la vie privée ; le tout est
étroitement lié à la nature, hostile et menaçante. On retrouve cette idée des
terres inexplorées, encore dangereuses pour l’homme qui le fascinent. Une
conquête qui, mise en parallèle avec celle de la vie privée des gens, restent
bien plus difficile et dangereuse.
Minier parvient à créer une
ambiance malsaine, glauque façon huis-clos. On a l’impression d’être pris au
piège sur cette île, et le climat rajoute encore à la tension et au suspense.
Deux mondes se côtoient, et entre
les deux l’histoire avance, inexorablement. On se rend compte qu’au même titre
que les personnages nous ne sommes que des pions entre les mains de l’auteur
qui n’hésite pas à s’amuser de nous en rajoutant des pistes, des soupçons qui
nous feraient presque devenir aussi chèvre que le héros. Et puis le doute commence à s’immiscer et on
finit par se poser les bonnes questions juste avant que la vérité n’éclate,
nous laissant pantois et ahuris.
Minier aura réussi à nous mener
en bateau du début à la fin, à nous convaincre de certaines choses pour mieux
nous montrer que la vérité n’est pas aussi limpide que nous souhaiterions qu’elle
le soit.
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