Equilibrium
Film américain
Date de sortie: 2002
Réalisé par: Kurt Wimmer
Avec: Christian Bale, Sean Bean, Emily Watson, Taye Diggs...
Durée: 1h47
Genre: Action / Science-Fiction
Synopsis: Dans les années 2070, dans la citadelle de Libria,
les émotions n'existent plus, supprimées par l'absorption quotidienne de
Prozium. Cette drogue anti-anxiété rend les gens plus heureux et plus
productifs. Les individus ont ainsi accepté de mettre de côté leur liberté pour
vivre en harmonie avec leur dirigeant spirituel connu sous le nom de Père. Les
personnes qui refusent de prendre leur dose sont considérées comme des rebelles
et vivent en retrait de la ville. S'ils sont pris à jeun, c'est la peine de
mort assurée.
John Preston travaille au service de Père et applique la loi
à la lettre. Un jour, celui-ci brise le flacon de sa dose et n'a pas le temps
de s'en procurer une de rechange. Il est alors submergé par toute une gamme
d'émotions. Victime d'un revirement spirituel qui le confronte à ses supérieurs
hiérarchiques, il mène l'enquête sur ce nouvel état de vie.
Alors que l’on connaissait « Big Brother is watching you »
(1984), on découvre dans ce film un nouveau slogan qui décrit une nouvelle
forme de dystopie : « Les sentiments sont la cause de tous les maux ». Cette
phrase est criante de vérité : de tout temps l’homme n’a fait que réagir face à
ses émotions, le conduisant souvent aux pires actes (guerres, meurtres.) C’est ce que nous explique le début du film.
Entraîné encore une fois, l’homme a engendré une troisième guerre mondiale qui
a faillit décimer la population entière. Pour éviter qu’une telle catastrophe
puisse survenir à nouveau, il a été décidé que tous les sentiments seraient
bannis. C’est ainsi que tous les citoyens se sont retrouvés à prendre
quotidiennement leurs doses de Prozium, une drogue qui annihile toute trace
d’émotions. En plus de ce médicament, toute forme d’art qui pourrait fournir
des sentiments est détruite. Donc si plus personne ne ressent plus rien, alors
tout devrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Sauf que…. Et oui,
sans « mais » il n’y aurait pas de film. Il existe des résistants, appelés
déviants, qui refusent de perdre cette part d’humanité. Ils se sont regroupés
en dehors de la ville principale, Libria, et vivent dans les « Enfers ». Leur
but est de retrouver et protéger toute forme d’art : cela passe des tableaux à
la musique, en passant par la littérature et divers objets de décoration.
Le film débute sur un de ces groupes de déviants. Le
problème, c’est que la police arrive, accompagnée par deux recteurs du
Grammaton (sortes de soldats trop forts, trop bien entraînés qui n’ont peur de
rien), ce qui ne présage rien de bon. Cela se voit par les plans que l’on a sur
les visages des deux recteurs, joués par Christian Bale et Sean Bean. Bale n’a
pas un sourcil qui fronce, son visage est hermétiquement fermé alors que Bean
laisse entrevoir qu’il a des émotions : tête baissée, regard qui fuit, front
plissé, bouche ouverte en signe de consternation face au carnage qui va suivre.
L’opposition entre les deux est magnifique. Cela va jusque dans les actes :
Bale nous offre une séquence sublime où il décime dans une pièce totalement
noire des déviants, avec son arme alors que Bean reste spectateur. L’effet
rendu par les éclairs des balles sortantes est sublime. A la suite de ça, on
découvre la cachette où sont entreposées les œuvres, dont la Joconde, qui
partira en fumée. Bean a pratiquement les larmes aux yeux. Il n’en faut pas
plus pour comprendre qu’il est lui-même un déviant.
La séquence qui suit nous dévoile le côté totalitaire de la
cité de Libria. Les bâtiments sont gris, empruntés à l’architecture du 3ème
Reich. Un drapeau rappelant fortement celui du nazisme flotte au-dessus des
têtes, tandis que des télés géantes affichent Père, l’être supérieur qui prend
soin de ses brebis, et qui sans cesse rabâche le même discours contre le danger
des émotions. Père n’est autre qu’une version détournée de Big Brother. Les
citoyens se ressemblent tous, ils marchent d’un même pas athlétique, ne se
regardent jamais. Tous ont le même geste, celui de s’injecter le prozium dans
le cou quand la cloche leur signale qu’il est l’heure. On pourrait croire à une
société parfaite, mais l’on ne ressent que désolation en voyant ses images.
Bale est un homme important dans ce monde, de par sa position,
mais aussi par son supériorité dans le maniement du kata armé : vous prenez les
chorégraphies faites par les samouraïs, vous changez le katana par un pistolet,
et vous obtenez une sorte de danse de la part du tireur. Cette technique
redoutable permet à celui qui la manie de d’éviter les balles de ses
adversaires, tout en faisant le plus de dégâts possibles. Ce personnage
important va pourtant déchanter. Car ce que le film raconte, c’est la
découverte des sentiments par Preston. Petit à petit, on voit le visage de Bale
se fissurer pour afficher une émotion. Cela se fait progressivement, à mesure
qu’il découvre de nouvelles sensations : la découverte d’une musique, le
toucher (car tous portent des gants). Ces découvertes le transportent, mais le
mettent également en danger. Son nouveau partenaire, tenace, avide de gravir
les échelons, ne le lâchera pas et fera tout pour prouver que Preston est
devenu un déviant. Ce dernier va se retrouver de nombreuses fois dans des
situations périlleuses, nous faisant stresser, mais il s’en sort. Et cela grâce
à sa technique du kata armé. On se dirige petit à petit vers une fin
prometteuse, prévisible dans sa dernière séquence, mais qui n’en reste pas
moins grandiose selon moi. Car à part cette scène prévisible, de nombreuses
surprises nous attendent.
Ce film exploite une idée de base déjà vue mainte et mainte
fois. Pourtant, l’originalité du sujet développé (les émotions), la réalisation
et la performance des acteurs font qu’il se place au-dessus de bien des films.
Le réalisateur et les scénaristes se sont bien sûr inspirés de grands
classiques comme Fahrenheit 541 (Ray Bradbury), Le meilleur des Mondes (Aldous
Huxley) et 1984 (George Orwell). Beaucoup comparent ce film à Matrix, à cause
de longs manteaux noirs et des scènes chorégraphiées. Pourtant la ressemblance
s’arrête là, et il serait stupide de rabaisser l’histoire à celle de Matrix.
Je vous conseille donc vivement de voir ce film, ou de le
revoir avec des yeux nouveaux : si ce n’est pour l’histoire, alors pour la
performance de Christian Bale qui m’a époustouflé.
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