Et il ne restera que poussière
Titre original: All That Remains
Traducteur: Gilles Berton
Edition: Le Masque
Genre: Policier, Thriller
Date de parution: 1992
Résumé: En deux ans, quatre couples ont
disparu dans la région de Williamsburg. On a retrouvé leurs voitures, et,
plusieurs semaines après, leurs restes... Trop peu de choses en vérité pour que
madame le médecin légiste, Kay Scarpetta - déjà bien connue des nombreux
lecteurs de Mémoires mortes -, puisse déterminer les causes du décès. Mais,
cette fois, tout va changer : l'étudiante qui circulait avec son petit ami à
bord d'une Jeep Cherokee est la fille d'une des femmes les plus puissantes des
Etats-Unis, numéro un de la lutte antidrogue, qui est bien décidée à remuer
ciel et terre pour élucider cette disparition, entraînant Kay Scarpetta dans
son sillage.
Et il ne restera que poussière est le
troisième roman mettant en scène le médecin légiste Kay Scarpetta, personnage
créé par Patricia Cornwell.
L’auteur nous montre encore une fois
qu’elle parvient à trouver des idées originales qui emportent le lecteur dans
la folie meurtrière d’un tueur dont l’identité n’est découverte qu’à la toute
fin.
Comme pour sa première œuvre, Cornwell développe une histoire autour d’un
tueur en série. Cela fait deux ans qu’il sévit dans la région de Richmond, s’en
prenant à des couples dont les corps ne sont retrouvés que plusieurs mois après
leur disparition, dans des forêts. L’état de grande décomposition des corps ne
laisse à chaque fois que des os, ce qui rend impossible d’identifier la cause
de la mort. C’est une énigme de taille pour Scarpetta et les agences de polices
et du FBI qui sont tenus en échec depuis tout ce temps. Et voilà qu’un 5ème
couple disparaît. La donne change car la fille n’est autre que celle de Pat
Harvey, la directrice du programme national de lutte contre la drogue,
pressentie pour le poste de vice-présidente. La pression monte d’un cran et
sera le vecteur principal de l’ambiance du livre, accompagnant les personnages
dans une paranoïa grandissante.
On retrouve le même schéma narratif perçu déjà dans Mémoires Mortes et
Postmortem : un début qui plonge le lecteur directement dans l’action, une
intrigue qui finit par stagner, ponctuée par de nombreuses pistes inutiles et
des gens qui en veulent à Scarpetta, pour finir par une fin précipitée et
bâclée. Néanmoins, l’avancée de l’intrigue diffère des fois précédentes, et on
apprécie un peu plus le déroulement qui démontre avec efficacité différents
points réels. On retrouve par exemple ces problèmes de communication entre les
différents services, la pression mise sur Scarpetta pour qu’elle retarde la
conclusion de ses résultats mais également la folie journalistique lancée sur
Pat Harvey et sa famille. L’importance de la notoriété de ce personnage occulte
les autres disparus, rendant futiles leurs morts comme si seule celle de la
jeune Harvey avait de l’importance. Les journalistes ressemblent plus à des
vautours cherchant le scoop de l’année, se moquant du mal qu’ils peuvent
engendrer.
La direction que prend l’enquête est intéressante au départ, avec cette
idée sous-jacente de chasse (qui m’a fait penser au Silence des Agneaux) mais
comme auparavant, Cornwell préfère se lancer sur une autre piste, ce qui fait
affaiblit grandement la fin. Il est regrettable de voir que ce sont le hasard
et l’intuition de Scarpetta qui la conduisent à la découverte du tueur, et que
tous les indices techniques si souvent mis en avant dans ses livres n’aident
aucunement à la résolution de l’enquête. De plus, on suppose encore une fois
des intentions du tueur et le fait de ne pas connaître sa façon réelle de
choisir ses victimes (à part le fait que ce soit des couples) et de les aborder
m’a fait rester sur ma faim.
Quant aux personnages, ils n’ont pas plus évolués qu’au départ et restent
stéréotypés. On s’habitue à l’inutilité du profiler Wesley, à la rudesse de
Marino mais ça n’en reste pas moins frustrant. Il est dur de s’attacher à eux,
encore plus à Scarpetta qui est énervante entre ses crises existentielles et sa
perpétuelle colère.
Malgré des personnages peu attachants, ce
troisième volet de la série Scarpetta propose une histoire intéressante, mieux
menée montrant une Cornwell plus à l’aise dans l’écriture. Pourtant les points
négatifs déjà vu auparavant sont hélas récurrents et le manque d’évolution chez
ses personnages trop clichés empêchent l’histoire d’être meilleure.
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