Postmortem
Auteur: Patricia Cornwell
Titre original: Postmortem
Traducteur: Gilles Berton
Edition: Le Masque
Genre: Policer, Thriller
Date de parution: 1990
Résumé: Richmond, Virginie. Quatre femmes
ont été torturées, violées, égorgées. Une femme noire et trois blanches. Rien,
pas le moindre indice ne les relie entre elles, si ce n'est précisément
l'assassin. Le docteur Scarpetta s'acharne à traquer le tueur en série. Il est
intelligent, rusé et ne semble commettre aucune faute qui pourrait mettre les
enquêteurs sur la voie. Elle sait qu'il n'arrêtera pas. Si elle ne trouve pas
très vite une piste pour remonter jusqu'à lui, une autre femme va mourir. Tout
semble se liguer contre la police et Kay pour favoriser le tueur. Peu à peu,
Kay Scarpetta commence à se sentir menacée.
Premier roman de Patricia Cornwell,
Postmortem introduit l’héroïne la plus célèbre de l’auteur et pose les bases de
la saga Kay Scarpetta dont le succès ne semble plus être à démontrer.
Médecin expert général de l’Etat de Virginie, Kay Scarpetta est une femme d’une
quarantaine d’année évoluant dans un monde d’homme. Elle est la narratrice des
histoires contant ses enquêtes, permettant au lecteur de suivre en temps réel
ses actes, pensées et émotions. On apprend rapidement à la connaître dès le
début de Postmortem, qui commence assez bien avec une introduction abrupte mais
rapide de l’intrigue. Ainsi on suit Scarpetta sur les lieux d’un meurtre qui
est le quatrième d’une série sordide, découvrant le métier particulier de cette
femme. On se retrouve plongé dans une ambiance glauque où l’horreur et la peur
ont déjà pris possession de la ville de Richmond. Malgré un début prometteur,
l’action retombe rapidement et durant un bon moment on jongle entre
informations médicales très détaillées et spéculations à foisons. Le souci de
réalisme de l’auteur, qui a côtoyé le monde des légistes, est un attrait de
l’écriture, mais le problème réside dans les termes bien trop spécifiques qui
peuvent perdre le lecteur non initié à ce jargon. Même si de nos jours on a
pris l’habitude d’entendre des termes médicaux et techniques à moitié
incompréhensibles dans les séries TV, il n’en reste pas moins que le lecteur
lambda peut vite avoir envie de sauter des lignes. Le côté réalisme de l’enquête est intéressant
au départ : en effet, dans un cas de meurtres en séries, les hypothèses vont
bon train, les inspecteurs tentant de trouver une piste avec les indices qu’ils
possèdent. Mais ici cela rend l’histoire bien trop longue, lui faisant perdre
légèrement de l’intérêt.
Si l’intrigue parait fort attrayante, il
n’en reste pas moins que de nombreux aspects négatifs apparaissent tout au long
de la lecture. Que ce soit au niveau des hypothèses émises par les enquêteurs
ou bien des personnages, certaines choses peuvent déranger. L’exemple le plus
flagrant reste l’obsession d’un des protagonistes pour un suspect, obsession
qui disparait comme par enchantement sans qu’on ait une quelconque explication.
Du côté des personnages, il est dommage de s’apercevoir que Cornwell joue sur
les stéréotypes déjà existant, et ne tente de donner de la profondeur qu’à
Scarpetta, par le biais de l’utilisation de la première personne du singulier.
En effet, on a droit à l’héroïne forte, stoïque, indépendante qui évolue dans
un monde dangereux et a qui l’ont met toujours des bâtons dans les roues car
c’est une femme. Il n’est de cesse de rappeler au lecteur ce combat éternel
entre la femme oppressée et ces requins d’hommes. Comme bien souvent dans les
histoires policières, Scarpetta travaille en collaboration avec un policier qui
ne pouvait être plus stéréotypé. Pete Marino est présenté comme le macho de
service, qui n’aime bien sûr pas Kay car c’est une femme. En plus de cela, il
est également raciste, homophobe, grossier, bourru, qui aime la bière et
l’alcool et qui adore manger gras, d’où son embonpoint. Il joue bien entendu le
rôle du méchant flic, et même s’il passe pour un être stupide, il ne fait que
jouer la comédie. On a donc droit à l’habituel duo de personnages opposés, qui
finiront tôt ou tard par devenir amis. Mais dans Postmortem, on fait également
la connaissance de personnages qui reviendront par la suite, comme par exemple
l’agent du FBI Benton Wesley ou la nièce de Kay, Lucy. Ces deux protagonistes
ne servent malheureusement pas à grand-chose, à part pour Lucy, qui, déjà férue
d’informatique à 10 ans, aide sa tante pour un problème d’ordinateur. Quant à
Wesley, qui est profiler, on doute de ses capacités : en effet, alors qu’il
donne quelques idées sur le tueur, comme par exemple la tranche d’âge, le fait
qu’il n’ait pas de casier judiciaire car il agit comme un être normal, il
ajoute trois lignes après que le tueur peut être plus âgé, faire tel métier et
avoir été en prison. Quel est le but de ce profil à part montrer qu’au final on
ne sait rien ?
Le dernier point négatif reste la fin,
trop précipitée et bâclée à mon goût. On n’apprend rien des motivations du
tueur, ce qui est quand même un comble pour un livre policier.
Malgré ces aspects qui m’ont dérangée,
l’écriture fluide et simple (hormis les termes techniques bien sûr) contribue à rendre la lecture rapide et presque agréable. La présence fantôme de ce tueur
et les petits rebondissements dans l’histoire font que l’on ne repose pas le
livre avant de l’avoir terminé. Sans être exceptionnel ni trop mauvais,
Postmortem reste correct.
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