Rubber

Film français et anglais

Date de sortie: 2013

Réalisé par: Quentin Dupieux

Avec: Stephen Spinella, Roxanne Mesquida, Jack Plotnick...

Durée: 1h25

Genre: Comédie horrifique

Synopsis: Dans le désert californien, des spectateurs incrédules assistent aux aventures d’un pneu tueur et télépathe, mystérieusement attiré par une jolie jeune fille. Une enquête commence.



Rien qu’en voyant la bande annonce vous savez que vous aurez affaire à un film plus que bizarre. Et côté étrangeté, vous pouvez être certain de ne pas être déçus. On plonge dans l’ambiance particulière dans le début : un homme sur un petit chemin cahoteux au milieu du désert, des jumelles à la main. Une voiture apparaît dans le champ du fond et avance doucement vers nous, prenant soin de faire des zigzags et de heurter des chaises qui se trouvent là. Premier haussement de sourcils. On reste un peu sceptique face à  cette entrée. Une fois la voiture stoppée, un shérif sort du coffre, prend un verre d’eau et s’approche de la caméra. Ok, normal, tout va bien. Il nous fait un petit speech qui a l’air intéressant, puisqu’il pointe le doigt sur la justification de certains choix dans les films : pourquoi E.T est-il marron ? Pourquoi deux personnages tombent-ils fou amoureux l’un de l’autre ? Pourquoi ne voit-on pas les personnages aller aux toilettes dans Massacre à la tronçonneuse ? (de mon point de vue personnel, cette question là est plus qu’idiote). La réponse du shérif est toute simple : il n’y a aucune raison. Voilà donc la justification du film : il n’y pas plus de raison à avoir un pneu tueur qu’un E.T marron. Avouons que cela prête à sourire. C’est d’ailleurs ça qui attire les spectateurs au premier abord : un pneu tueur, quésaco ? Je suis tombée dans le piège, m’attendant à voir un navet ou pourquoi pas un nanard, et surtout m’attendant à rire un peu. Ce qui ne m’est jamais arrivé au final.

Après l’étrange monologue du shérif, qui repart vite, on s’aperçoit qu’il s’adressait en fait à des gens, tenus derrière un cordon rouge. On va comprendre qu’en fait ce sont des spectateurs (d’où l’utilité des jumelles) qui vont assister à un film en direct. Ils vont donc suivre la naissance de Robert, petit pneu abandonné dans le sable du désert. Le gentil petit pneu va s’amuser à rouler dans le désert, son apprentissage du monde accompagné par une petite musique guillerette. Il va encore mieux s’éclater en écrasant une bouteille en plastique, puis un scorpion. Quelle insouciance ! C’en est presque beau… Mais le premier drame survient pour Robert : une bouteille en verre lui fait obstacle. Oh la vilaine bouteille qui ne se veut pas se casser. Notre petit pneu est pris de convulsion, énervé, et paf ! la bouteille explose. Un pneu télépathe, si c’est pas mignon quand même. Les spectateurs sont ravis, ils s’esclaffent de bonheur, ils commentent. Ce que nous voyons, c’est une parodie de nous-mêmes au cinéma, et les clichés sont assez bien représentés.

Le voyage de notre ami va continuer et l’amener sur une route presque déserte, où il va rencontrer une belle fille dans une belle décapotable. Voilà donc la petite touche romanesque du film. Mais un méchant conducteur va faire valser Robert alors que ce dernier se rapprochait de son nouvel amour. Pas content, notre pneu décide de faire la fête au gars et lui explose donc tout naturellement sa tête. L’action arrive, enfin !

Et Robert le stalker reprend sa route, à la poursuite de sa bien-aimée, qu’il va retrouver dans un motel perdu dans le désert. Séquence magique ici entre meurtre et espionnage dans la piscine, puis une sorte de tentative de suicide de Robert (impossible à savoir exactement). Notre souffle en est coupé… par les bâillements qui annoncent un profond ennui.

Mais voilà un retournement de situation qui continue dans la lignée du n’importe quoi. Sans aucune raison, les spectateurs se font empoisonner par leur guide. Cela semble être en fait un rituel de ces séances de cinéma dans le désert. Bizarrerie, quand tu nous tiens. La séance est donc annulée, on arrête le tournage. Du moins c’est que tente le shérif en essayant de faire comprendre à ses associés que tout ce qui est arrivé n’est pas réel. Ok… les acteurs ne sont pas au courant qu’ils sont acteurs et que tout est bidon. Logique. Hélas pour le shérif, un spectateur n’est pas mort, il faut donc continuer le film. De plus, la réalité a rejoint la fiction. Lui qui pensait que rien n’était vrai, Robert tue vraiment les gens par la pensée.

Et on plonge dans les dernières séquences : séquence émotion avec Robert qui découvre le sort de pneus qu’on brûle (on sent que sa haine envers les humains va être attisée), séquence on file le tueur et on tente de l’arrêter. Tout ça est d’une lenteur à vous endormir.

Le shérif va finir par en avoir marre, et va tuer Robert de coups de fusils (c’était compliqué de faire ça dès le départ) et s’en va. Mais notre tueur atypique se réincarne en tricycle et se dirige vers Los Angeles, réveillant au fur et à mesure de sa progression d’autres pneus. Annonciateur de la prise de pouvoir de la ville par des pneus, d’une nouvelle carrière cinématographique pour Robert ou d’une suite à ce film ? On s’en fiche puisqu’on est heureux que tout soit enfin terminé.


Rubber semble être un exercice de démonstration de la part du réalisateur, qui joue avec les clichés tout au long de l’histoire. Au nom du « il n’y a aucune raison », on peut faire ce qu’on veut, quitte à torturer mentalement le spectateur. Parce que le film est plat, alors qu’on attend un peu d’action, elle ne vient jamais réellement. Comme quoi, sans un minimum de dynamisme, la mayonnaise ne peut pas prendre. Le point positif se retrouve dans la réalisation et la photographie, qui relèvent le niveau du film. Malgré tout, ce film reste une torture pour moi, et je ne vous le conseille vraiment pas.

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