Roman sans Titre
Auteur: Duong Thu Huong
Titre original: Tieu Thuyet Vo De
Edition: Le Livre de Poche
Genre: Contemporain
Date de parution: 2013
Titre original: Tieu Thuyet Vo De
Edition: Le Livre de Poche
Genre: Contemporain
Date de parution: 2013
Résumé: Quân, Luong et Biên sont amis depuis l’enfance. Originaires du même village, ils se sont enrôlés le même jour pour combattre l’envahisseur américain. Quân, devenu capitaine, est envoyé dans la lointaine zone K par Luong, son supérieur, pour retrouver Biên, sur le point de sombrer dans la folie. En traversant la jungle et les vallées sinistrées par les bombardements, il prend la mesure du fossé qui s’est creusé entre eux. Au fil de son angoissant périple, alors qu’affluent les images de sa vie heureuse et à jamais disparue de jeune homme pressé de défendre son idéal, Quân découvre également l’ampleur des destructions subies par son pays. Ce roman, le premier écrit par Duong Thu Huong, est aussi le premier de ses ouvrages à avoir été interdit au Vietnam. Évoquant avec crudité et compassion le quotidien des soldats, la romancière y dénonce la vanité de la guerre et le cynisme de ses instigateurs.
Choisi quelque peu au hasard, ce roman fut une jolie découverte. Peu adepte
des histoires se déroulant durant des guerres je me suis laissée embarquer malgré
tout à la suite de Quân, soldat nord-vietnamien qui combat contre l’envahisseur
capitaliste américain.
Le récit n’est pas une ode au communisme ni une cinglante condamnation de
la guerre du Vietnam. J’ai au contraire trouvé qu’à travers le périple du héros
dans la forêt vietnamienne on avait surtout une prise de conscience d’une
vérité autrefois illusoire. La critique du gouvernement se veut sous-jacente, l’histoire
faisant la part belle aux descriptions des paysages rencontrés et aux nombreux
souvenirs d’une enfance à jamais perdue.
Cela fait dix ans que Quân s’est enroulé dans les forces armées : âgé
de 28 ans, il fait partie de ces vieux soldats qui ont vécu l’horreur, la
famine, la solitude, la maladie. Pourtant rien ne semble entacher sa résolution
à servir sa patrie. Envoyé en mission auprès d’un de ses amis d’enfance devenu
fou (du moins semble-t-il), Quân entreprend un voyage qui le mène de postes de
garde en postes de garnisons, de villages en villages, le tout en traversant
cette faune vietnamienne, totalement changeante de lieux en lieux. Cette quête
est pourtant loin d’être initiatique : au contraire, nous assistons à ses
pérégrinations qui nous conduisent le long de ses souvenirs. Un endroit, une
personne, une parole, tout est prétexte pour se rappeler un temps d’insouciance
où la joie de vivre régnait. Petit à petit Quân prend conscience du changement
qui découle de la guerre au fur et à mesure de ses rencontres ; sa
motivation pour servir le pays, cette joie d’aller aux combats à finalement
fait place à une froide résolution qui ne tient qu’au fait qu’il doive servir
sa patrie. Le devoir. Un devoir qui a coûté la vie à de nombreux camarades, un
devoir qui transforme la jeunesse en chair à canon. Cependant aucun cynisme ne
transparaît dans le texte, simplement une constatation d’un temps passé et d’un
changement irrévocable. Et puis surtout la prise de conscience d’une
manipulation de la population de la part d’un gouvernement qui assène des « camarades »,
qui instruit par la propagande une jeunesse qui doit servir le grand Marx. Car
cela est une nécessité.
On découvre également à travers ce chemin parcouru une culture différente :
la nourriture a une place importante, ce qui est en soit quelque peu normal
lorsqu’on a connu des périodes de famines. L’accent est mis sur les repas
préparés, offerts et on découvre des plats certes simples mais intrigants de
par la différence avec notre propre nourriture. Des gestes simples revêtent une
importante toute différente au vu de la situation (pouvoir se laver par
exemple, avec du savon).
Ce roman est touchant de par la justesse avec laquelle il nous dépeint une
réalité bien éloignée de la nôtre. Là où la mort côtoie la vie sans fioriture,
où l’important est de bien faire son devoir sous peine de mort et de couvrir sa
famille de honte (thème également très important), Quân est pris dans la
tourmente d’une guerre qui semble sans fin et sans espoir.
On ressort de cette lecture quelque peu déboussolé face à tant de découvertes
et à toutes ces émotions, mais cette exploration d’une partie de l’Histoire
reste des plus intéressante notamment pour la partie humaine qui est bel et
bien émouvante.
C'est une superbe chronique émouvante !! ♥
RépondreSupprimerCe roman sans titre va rejoindre ma Wish list.
Bonne lecture