Tucker and Dale VS Evil

Film américain

Date de sortie: 2010

Réalisé par: Eli Craig

Avec: Tyler Labine, Alan Tudyk, Katrina Bowden, Jesse Moss...

Durée: 1h28

Genre:  Comédie horrifique

Titre français: Tucker et Dale fightent le mal

Synopsis: Tucker et Dale sont deux gentils péquenauds venus se ressourcer en forêt. Ils y rencontrent des étudiants venus faire la fête. Suite à un quiproquo entraînant la mort d’un des jeunes, ces derniers pensent que Tucker et Dale sont des serial killers qui veulent leur peau, alors que nos héros pensent que les jeunes font partie d’une secte et qu’ils sont là pour un suicide collectif ! C’est le début d’un gigantesque malentendu dans lequel horreur et hilarité vont se mélanger.





Dans ce premier long métrage qu'il a lui-même réalisé et écrit, le réalisateur canadien Eli Craig aborde les films d'horreur, et plus précisément les slashers. Pour cela il tente une approche différente et s'attaque aux codes du genre horrifique, créant ainsi une superbe comédie très efficace.

D'entrée de jeu la mise en scène nous plonge dans les méandres des films d'horreur, grâce à une séquence d'introduction sympathique qui reprend dans son ensemble une première séquence typique des films de ce genre. Cela passe donc par un premier crime, ici double, sensé faire trembler les futurs héros de terreur. Les amateurs du genre auront reconnu le clin d'oeil fait au Projet Blair Witch, ou plus récemment à Rec, avec l'utilisation de la caméra sur l'épaule. Technique prisée quand on veut plonger le spectateur au plus fort de l'intrigue, lui donnant l'impression d'être de la partie.

Cette scène d'entrée ne sert pourtant pas de réel point de départ pour l'histoire, elle en est plutôt la conséquence. Et pour comprendre ce qui s'est passé, il va falloir revenir trois jours en arrière.

Craig lâche donc sa caméra sur l'épaule pour reprendre une réalisation plus commune et commence alors la vraie histoire. Il s'aligne sur la trame de tous bons films d'horreurs et surtout slashers en choisissant comme héros et victimes de jeunes étudiants. "On garde les mêmes et on continue" pourrait très bien s'adapter à tous ses films puisqu'à chaque fois, les personnages semblent être les mêmes, entre l'intello, le gros bras pas très futé, la bimbo stupide etc...

Nous voici donc en leur compagnie, partis camper dans une forêt pour le weekend. Jusque là tout va bien, même si on se doute que tout va bientôt basculer, ce n'est qu'une question de temps. C'est alors qu'ils se font dépasser par un vieux break pourri, avec un passager particulier qui va mettre en émoi nos petits étudiants. Il faut dire qu'en les dépassants ce passager à l'air louche les regarde avec un regard vide et la bouche ouverte. Combiné au break pourri il en faut peu pour penser que c'est un psychopathe. Cette impression peu flatteuse se confirmera un peu plus tard quand tous se retrouvent dans un petit magasin comme il en existe aux States, perdu dans les bois (ou parfois dans le désert). Bien entendu, les deux lascars du break pourri se sont aussi arrêtés afin de faire quelques provisions. Dans tout bon film d'horreur, cette scène montre que là est le dernier point de civilisation que rencontrent les jeunes, mais que ce point semble déjà entaché par la solitude du paysage mais aussi par une certaine folie. Craig joue sur ça: quand deux des jeunes entrent dans la boutique, le vendeur qui leur parle a l'air tout aussi fou que son client (le conducteur du break). Entre sa salopette et sa décoration de têtes empaillées, on peut dire qu'il ne donne pas forcément envie que l'on s'arrête à sa boutique. Tandis que nos petits jeunes ressortent avec leur pack de bières, Craig nous réserve un retournement de situation dans la trame habituelle des films horrifiques. En effet, il change de point de vue et va nous faire découvrir qui sont les deux psychopathes... qui se révèlent finalement être deux types normaux. Il ajoute également une nouvelle touche, l'humour, distillée dans les répliques mais surtout dans les quiproquos qui vont suivre. Ainsi, Tucker, le conducteur, va pousser son gros ami Dale à aller parler à une des blondes du groupe pour qui il a le béguin, lui rappelant de rire et de sourire. Dale, n'écoutant que son courage, se décide et accoste le groupe. Pas de la meilleure manière qui soit, puisqu'il s'avance une faux à la main, telle la mort prête à décimer des têtes, et rigole d'un rire cinglé après leur avoir demandé s'ils allaient camper. On ne peut pas en vouloir aux étudiants de flipper face à cette image folle.





Chacun repart vite de son côté, et on découvre avec amusement que d'un Dale est un gentil benêt qui stresse facilement au point de répéter ce que dit son ami, et que de deux, ils sont ici pour remettre à jour leur nouvelle maison de vacance. Et quelle belle maison! Perdue au milieu des bois, entourée de vieux débris elle rappelle celle de Détour Mortel, Cabin Fever et Evil Dead. Une maison dans laquelle on éviterait de mettre les pieds, pourtant ces deux gaillards sont émerveillés à sa vue et sont aussi contents que deux enfants ayant reçu une voiture pour Noël. L'intérieur confirme notre première impression: poussière, décoration avec des os... petit clin d'oeil à Massacre à la Tronçonneuse. Il y a même sur l'un des murs des articles de journaux relatant de meurtres commis dans le voisinage, ce qui n'émeut en aucune façon nos deux héros.

Pendant ce temps, un peu plus loin, les étudiants se sont posés et entament leur séjour gaiement. Une fois encore Craig s'empare d'un code d'horreur: la légende urbaine certifiant que des meurtres se seraient produit ici-même 20 ans plus tôt. On relie passé et présent, meurtrier et futurs victimes.

Le soir même ils décident d'aller tous se baigner dans un petit lac qu'ils ont découvert, sauf Chad, le conteur et semble-t-il fou du jet de hache. Tucker et Dale sont là aussi, en train de pêcher tranquillement. Sauf qu'un nouveau quiproquo va survenir, déclenchant une réaction en chaîne qui va ravir nos yeux. Allison, un des blondes, va se cogner à un rocher dans l'eau. N'écoutant que son courage Dale plonge et la ramène sur leur barque. Apercevant le groupe d'amis au loin, il leur crie: "Nous avons votre amie!!" Contrairement à ses attentes, tous fuient en hurlant de peur, croyant qu'ils viennent d'enlever Allison pour la tuer. Tuck et Dale n'ont donc pas d'autre choix de ramener la jeune fille dans leur magnifique demeure. Cette dernière sera d'abord effrayée, croyant vivre ses dernières heures. Il faut dire que Dale n'arrange pas trop les choses: timide, le béguin pour elle, il est assez maladroit dans ses propos. Heureusement le malentendu se dissipe vite entre eux. Par contre, du côté des étudiants, rien ne va plus.



Chad parle des hommes comme des monstres, du pur Mal qu'ils vont devoir éradiquer pour sauver leur amie. Un des garçons est envoyé en éclaireur. Autre moment d'anthologie: Tucker, tronçonneuse en main, tente de découper un vieux tronc pourri. Mais il touche une ruche et se fait attaquer par les abeilles. N'y voyant pas grand chose, il se met à courir, après le jeune homme qui hurle à la mort. Tous se dispersent, croyant avoir à faire à un fou qui se prendrait pour Leatherface de Massacre à la Tronçonneuse. Et là, le drame arrive: le jeune garçon, regardant Tucker courir à ses côtés, s'embroche tout seul dans une branche d'arbre. Il en faut peu pour que tous aient la certitude d'être en présence d'un couple de tueurs sanguinaires. C'est alors que les scènes comiques s'enchaînent, les étudiants se tuant tous seuls petit à petit. Pris au milieu de cet énorme quiproquos Tuck et Dale imaginent qu'ils sont en présence d'une sorte de secte qui a prévu un suicide collectif. Etant des témoins indésirables, ils s'imaginent être les prochaines victimes. Chacun de son côté imagine donc être la cible de fous furieux, nous offrant des moments de franche rigolade.




Le film va pourtant changer de direction, sans pour autant perdre de sa saveur. La légende urbaine racontée au tout début va enfin avoir son utilité: les meurtres ont vraiment eu lieu, et Chad est le fils de l'unique survivante de ce carnage. Finalement, le mal n'était pas celui (ceux) qu'on pensait. Tout va aller très vite ensuite: Chad enlève Allison et se sert d'elle comme appât pour attirer Dale. Tucker reste en retrait, blessé. Il s'agit bien sûr de la séquence où le héros va chercher sa dulcinée, réussissant à mettre hors circuit le méchant. A noter que cette séquence n'est pas présente dans tous les films d'horreurs ou que souvent ce héros au grand coeur meurt durant cette mission.

Comme toute comédie, le film se termine bien, sur une certaine note d'humour pour ne pas perdre le change.

Tucker and Dale VS Evil est au slasher ce que Shaun of the Dead est aux films de zombies. C'est une excellente comédie qui tire sur les ficelles du genre horrifique sans pour autant tomber dans le grotesque. On peut percevoir une certaine forme d'ironie sur la façon dont nous sommes formatés: il suffit de voir comment au premier abord ces étudiants ont jugé nos deux héros sur leur aspect.

Le jeu de point de vue donne un rythme au film, ponctué par tous ces gags, ce qui fait la force du film. Tucker et Dale sont les anti-héros par excellence, pas trop débrouillards, naïfs car ils ne voulaient qu'aider. Craig nous prouve donc à quel point les apparences peuvent être trompeuses.


C'est donc une comédie à voir absolument.

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