L'hôtel hanté
Auteur: Wilkie Collins
Titre Original: The Haunted Hotel
Traducteur: Henry Dallemagne
Editions: Librairie Hachette & cie
Genre: Mystère
Date de Parution: 1878
Résumé: Au grand dam de sa famille, lord Montbarry décide de rompre ses
fiançailles avec une honorable jeune fille pour épouser la sulfureuse comtesse
Narona. Fuyant l'Angleterre victorienne du XIXe siècle, les jeunes époux
partent s'installer dans les brumes d'un lugubre palais vénitien, où Montbarry
décédera dans d'étranges circonstances. Transformé en hôtel, le palais
deviendra alors le théâtre d'autres phénomènes inexpliqués...
J’ai découvert pour la première fois l’auteur Wilkie Collins, contemporain
et ami de Charles Dickens, avec L’hôtel Hanté, roman qui mêle mystère et
fantastique. On se retrouve plongé dans une histoire prenante qui fait naître
la curiosité chez le lecteur dès le départ.
L’intrigue débute d’une manière déroutante, amenant déjà quelque peu du
mystère à travers le personnage de la comtesse Narona et sa visite à un
médecin. Leur conversation permet de mettre en place les bases de l’histoire et
d’amener une présentation des personnages au lecteur, qui sera un peu plus
abordée au club du médecin. Ainsi on découvre que la comtesse, au passé
tumultueux, va épouser Lord Montbarry, précédemment fiancé à sa cousine Alice.
Le nouveau couple accompagné du frère de la comtesse partent en voyage de noces
en Europe, pour finir par s’établir quelques temps dans un vieux palais à
Venise.
Le récit est mené de façon singulière, suivant trois personnages l’un après
l’autre au fur et à mesure que l’intrigue avance, découpant ainsi l’histoire en
trois parties distinctes mais linéaires. Après la présentation avec le médecin,
c’est à travers le personnage d’Alice que l’on découvre les nouveaux
rebondissements qui se déroulent à Venise : disparition, mort, tout cela est-il
lié ou est-ce le fruit du hasard ? La dernière partie se déroule à Venise même,
dans le palais transformé en hôtel, où l’on suit les pas cette fois-ci du frère
du défunt Lord Montbarry. Ce changement
de perspective est intéressant, car il permet de s'attarder sur trois
personnalités différentes, ainsi que d'avoir une vision différente de
l'histoire à différents moments. Alors qu'au départ on a une approche
extérieure des amours de la comtesse et de Lord Montbarry, on finit par se
retrouver au niveau le plus intime à travers les aventures du frère, rentrant
par là-même au plus près du coeur du drame.
Collins parvient à créer un suspense omniprésent, qui monte crescendo vers
la fin. Il joue avec le lecteur grâce aux indices distillés au long du récit,
s'amusant du mystère qui entoure les personnages: qui est la comtesse, victime
ou bourreau? qui est son frère le baron? qu'est-il arrivé à Venise? Tandis
qu'on approche de la fin, le fantastique fait son apparition. On oscille alors
entre résolution rationnelle et surnaturelle.
Les personnages présentés sont assez bien
représentatifs de l’époque victorienne, mais restent selon moi trop
stéréotypés, pas assez approfondis. Cela est du en partie à cause de l’écriture qui met l’accent sur les
émotions des protagonistes, laissant ainsi de côté leur psychologie. Les
descriptions ont aussi la part belle, caractéristique de cette époque. Malgré
une écriture qui diffère de la notre, la plume de Collins est légère et permet
une lecture rapide et plaisante. On sent par ailleurs les prémices des romans
policiers et à suspense à travers ce livre, qui a su révéler une intrigue très
bien menée et maîtrisée.
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