J'irai Cracher sur Vos Tombes
Auteur: Boris Vian
Edition: Le Livre de Poche
Genre: Contemporain
Date de parution: 2007
Edition: Le Livre de Poche
Genre: Contemporain
Date de parution: 2007
Résumé: Si vous le lisez avec l'espoir de trouver dans J'irai
cracher sur vos tombes quelque chose capable de mettre vos sens en feu, vous
allez drôlement être déçu.
Si vous le lisez pour y retrouver la petite musique de Vian,
vous l'y trouverez. Il n'y a pas beaucoup d'écrits de Vian dont il ne suffise
de lire trois lignes anonymes pour dire tout de suite : " Tiens, c'est du
Vian ! " Ils ne sont pas nombreux, les écrivains dont on puisse en dire
autant. Ce sont généralement ces écrivains-là qui ont les lecteurs les plus
fidèles, les plus passionnés, parce que, en les lisant, on les entend parler.
Lire Vian, lire Léautaud, lire la correspondance de
Flaubert, c'est vraiment être avec eux. Ils sont tout entiers dans ce qu'ils
écrivent.Ca ne se pardonne pas, ça. Vian a été condamné. Flaubert a été
condamné... Delfeil de Ton.
Après L’Ecume des
jours, je voulais découvrir un autre titre de Boris Vian et mon choix s’est
porté sur J’irai cracher sur vos tombes
car ce titre m’intriguait énormément. Cette lecture fut particulière car Vian
aborde des thèmes assez durs qui ne laissent pas indifférents.
L’histoire suit le point de vue du narrateur, Lee Anderson,
personnage très flou au premier abord et dont on en apprend plus sur lui et ses
motivations au fur et à mesure de la lecture. Lee est un personnage
intrigant et ambigu qui entretient avec le lecteur un rapport étroit. En
effet, si la narration en « Je » permet une proximité avec nous, son
comportement et le fait qu’il ne se dévoile pas entièrement tout de suite mais
entretient le mystère autour de sa vengeance nous le rend à la fois distant et
proche. Charmant, drôle, attirant et repoussant à la fois on est fasciné par ce
personnage qui nous apparaît très sûr de lui dans sa quête de vengeance. Cette
dernière reste d’ailleurs un long moment mystérieuse ; Vian prend son
temps pour nous la dévoiler, distillant des indices au gré des pensées de Lee
qui nous fait part de sa haine. Ce sentiment est le moteur du récit : sans
lui, il n’y aurait pas de vengeance.
Ici Vian nous emmène à sa manière sur les traces du racisme
aux Etats-Unis, et des conséquences désastreuses qu’il engendre. Il ne nous
offre pas un plaidoyer pour la tolérance ou l’acceptation de l’autre, mais se
contente de dépeindre l’ignorance et les préjugés qui en sont les conséquences.
Ce qui en découle, c’est un jugement sur la simple apparence et cela
transparaît notamment dans les scènes de séduction et de sexe. Lee utilise son
physique pour parvenir à ses fins, quitte à tomber dans la pédophilie. Rien n’est
épargné au lecteur de ce côté-là, tout comme la violence qui s’ensuit. Avec de
tels sujets on pourrait s’attendre à ressentir de la sympathie pour certains
protagonistes, pourtant leur côté stéréotypé et leur comportement les rend
plutôt détestable. On a l’impression de voir un défilé de bêtes sauvages qui laissent
leurs désirs contrôler leurs faits et gestes. Entre alcool et sexe, ces jeunes
représentent l’insouciance née du pouvoir : pouvoir du blanc sur les
noirs, des riches sur les pauvres.
J’irai cracher sur vos
tombes dépeint une image négative des Etats-Unis, et d’une société
manipulée par ses propres pulsions. La lecture est intéressante, mais difficile
pour ces aspects crus. On ressort avec une impression mitigée : c’est
choquant mais la curiosité est là et on ne peut s’empêcher de continuer la
lecture. C’est un roman qui attire et qui exerce une répulsion à la fois.
J'ai eu beaucoup de mal avec L'écume des jours, je ne sais pas si je retenterais cet auteur tout de suite.
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